Sous les bourrasques de vent et de fine pluie, nous descendons vers Seal bay après avoir visité le petit musée qui raconte l’histoire des otaries de leur quasi disparition après l’exploitation de leur peau et graisse à la création d’un parc marin pour les protéger en passant par la pollution par les micro-plastiques qui les menaçent. Un squelette complet d’otarie permet de découvrir que leurs pattes avant et arrière sont constitués de main à 5 doigts et 3 phalanges, comparable à celui de l’homme.
Un lion de mer dort à l’extrémité de la plage à peine visible tant sa couleur se fond dans le paysage. Quelques otaries sortent de l’eau et remontent péniblement la plage après plusieurs jours passés en mer pour chasser.
Une d’elle nous fait le plaisir de passer juste sous le petit pont de bois où nous sommes.
Après cette rencontre inoubliable, nous allons à Vivonne bay pour prendre un bon bol de vent marin et jouer dans la dune.
Réveil à 5h30 pour ranger nos tentes puis route en direction du Cap Jervis pour prendre le ferry. Une quarantaine de voitures peuvent rentrer dans le bateau et environ 200 passagers.
Nous débarquons à Penneshaw puis faisons route vers notre lieu de bivouac, pas simple à trouver… nous arrivons enfin dans un champ isolé sans eau ni électricité pour cette soirée de Noel un peu particulière! Il fait frais, il y a du vent et parfois de la pluie…
nous installons les tentes sous un hangar en mauvais état et filons jouer sur la belle plage d’Emu bay où il n’y a plus d’emeus mais une colonie d’oiseaux marins toute proche.
Nous poursuivons vers le Sud pour rejoindre le parc national de Deep Creek. Chaque lieu de camp accessible aux campeurs est repertorié sur le site des parcs nationaux d’Australie où est précisé si il faut apporter son eau, si il y a des toilettes sèches, si il y a du réseau de téléphone etc…. A chaque fois, il est précisé sur le site internet et sur un panneau sur place, que cette espace se trouve sur la terre de tradition de tel ou tel peuple aborigène. Ici, il s’agit du peuple Ramindjen de la nation Ngarindjeri. Et il est précisé que pendant des milliers d’années, les Ramindieri ont pris soin de cette terre, et que leur lien spirituel avec cette terre perdure jusqu’à ce jour. Dans le petit musée du Lac Mungo visités quelques jours plus tôt, il y avait des courriers de visiteurs qui s’excusaient auprès des Aborigènes d’avoir pris des cailloux, des échantillons de terre ou de sable pour les garder en souvenir. Ils les renvoyaient donc en expliquant qu ils n avaient realise qu apres leur visite combien cette terre etait sacrée.
Des kangourous et des magpies viennent faire les curieux pendant le pique nique en espèrent récupérer quelque chose .
Après avoir traversé une vaste zone de prés salés et de marais, nous enpruntons plusieurs pistes jusqu’à un lieu de bivouac isolé au bord du lac Alexandrina.
Ce paysage a été façonné par l’homme pour permettre aux oiseaux migrateurs de venir nicher et se nourrir dans de grands bassins dont les niveaux d’eau sont régulés par un réseau de canaux. C’est devenue une zone humide d’importance internationale.
Les pélicans austral et échasses à têtes blanches s’approchent de notre bivouac pour notre plus grand plaisir.
Après la poussière des pistes du Parc Mungo, nous retrouvons la route principale Canberra-Adélaïde qui n’a qu’une seule voie. L’Australie nous apparaît alors très rurale avec son réseau routier ressemblant à des routes départementales françaises.
Les autoroutes sont limitées à l’axe Melbourne-Sydney et Sydney-Briabane. En dehors des 5 grandes villes côtières qui regroupent 70% de la population, le reste du territoire est un immense territoire avec petites villes de campagne, à l’image de Sedan où nous faisons quelques courses dans une supérette à l’ancienne.
C’est aussi l’occasion de découvrir que chaque village a une zone de repli pour la population en cas de feux de brousse.
Sur les bords de la rivière Murray, nous installons les tentes à côté de pêcheurs qui aident Elie a préparer sa canne.
Et 30 minutes plus tard, il pêche sa 1 ère carpe!
Nous admirons, regroupée sur la rive opposée, une colonie de pélicans australiens, quelques spatules à bec jaune et un héron à tête blanche.
Le « fire ban » en cours interdit les feux de camp. Durant l’été, cet interdit est fréquent car les feux de brousse sont très redoutés car difficilement contrôlables.
Sur une carte on y voit du bleu et des noms de lacs. En réalité, c’est un désert,
Il y a plus de 40 000 ans, des hommes aborigènes vivaient au bord de ces lacs qui à l’époque contenaient de l’eau. L’endroit devait être prospère et propice à la vie, au développement des végétaux, des animaux…
Aujourd’hui , plus aucune trace d’habitations humaines. La région des lacs Willandra est asséchée depuis 19 000 ans. Des squelettes d’animaux géants ont été retrouvés dans le lac Mungo: des kangourous, wombats et oiseaux géants ! Des animaux sont toujours présents et notamment ceux de l’emblème de l’Australie, qui avancent toujours de l’avant et reculent très difficilement.
Le petit musée du parc permet de retracer l’histoire du lieu avec la découverte d’objets aborigènes comme ces clapsticks (2 bâtons qui sont frappés pour donner le rythme)et ces boomerangs.
La colonisation européenne a décimé la population aborigène en apportant des maladies telles que la grippe, la variole, la tuberculose et la dipthérie. Les hommes étaient enlevés et leurs enfants volés et confiés à des pensions religieuses ou des familles européennes chargées de les éduquer selon les coutumes britanniques. La connaissance multi millénaire des Aborigènes sur la faune, la flore, la géographie, la météo et leurs croyances se sont perdues en 200 ans de colonisation.
Les premiers explorateurs Burke et Wills, ont peut-être été les premiers Blancs à rencontrer les aborigènes locaux.
Leur expédition de 18 hommes a tenté l’exploration Sud-Nord de l’Australie avec 18 hommes en 1860 pour rallier Melbourne au golfe de Carpentarie. Le retour de cette expédition se solde par la mort de plusieurs hommes faute de vivres (chameaux et chevaux ayant déjà servis de repas).
Plus tard, la zone du lac Mungo a été exploité par les colons pour leur bétail. Les aborigènes étaient dépossédés de leurs terres.
Yelta, Pooncarie, Menindee, Carowra Tank et Balranald sont des lieux qui évoquent la séparation forcée aux vieux aborigène imposés jusque dans les années 60. Dans ces lieux leur étaient enseignés les « compétences des blancs ».
Nous bivouaquons à l’écart de la zone désertique dans une zone d’herbes hautes plus propices à la faune. Les couchers de soleil dans le Bush sont magnifiques.
C’est sur le terrain d’une homebush isolée datant de 1878 que nous échouons pour la nuit. Après avoir galéré sur des pistes inconnues, sans réseau téléphonique ni GPS, dans un no man’s land sans voiture à l’horizon (et station essence la plus proche à 380 kms), nous décidons de rebrousser chemin et de retourner vers ce motel vétuste croisé juste avant d’entrer dans le labyrinthe de piste du Parc Mungo.
4 exploitations minières ont tracé leurs propres pistes, non répertoriées par google map et par notre atlas routier, pour l’accès de leurs camions et 4×4. Il y a aussi 4 pistes d’atterrissage pour permettre un accès rapide à leurs ouvriers venant faire leur rotation de 15 jours avant de rentrer chez eux à des milliers de kms d’ici.
Ce vieux motel chargé de décoration de Noël est le lieu de rendez-vous des miniers, des pêcheurs, et ce soir, nous dénotons dans cette ambiance d’outback reculée!
Dans cette région semi-aride, l’eau potable est rare. De grandes réserves d’eau de pluie sont installées près des maisons pour économiser l’eau. Les moutons et les chèvres se sont bien adaptés au climat et de grands troupeaux animent ces paysages austères.
Il faut de temps en temps ouvrir et fermer les portails des clôtures de ces immenses pâturages traversées de pistes.
Il faut de temps en temps ouvrir et fermer les portails des clôtures de ces immenses pâturages traversées de pistes.
Après avoir planté nos tentes au bord de la rivière Murrumbidgee dans le parc régional de Murrumbidgee Valley, près de la ville de Hay, nous essayons de trouver des wombats et opposums qui affectionnent cette zone, mais sans succès… par contre quelques wallabies et kangourous nous rendent visite.
Cet endroit baptisé Wooloondool par les Aborigènes garde quelques traces de vie de ses 1ers habitants: des poteries, des bois sculptés.
Ceci vient rappeler que l’Australie était peuplée d’environs 600 000 aborigènes répartis sur cet immense territoire pendant 40 000 ans avant l’arrivée des Anglais au XVIII ème siècle. Ils vivaient par petits groupes de 1 à 10 familles et vivaient de la chasse, de la cueillette et certains avec des parcelles cultivées grâce des systèmes d’irrigation ingénueux. Ils pouvaient déplacer leurs lieux d’habitations en fonction des saisons. Il y aurait eu environ 500 groupes aborigènes différents parlant environ 200 langues.
Toute cette civilisation aborigène, l’une des plus vieilles du monde, est mise à jour grâce aux découvertes archéologiques et historiques qui continuent encore aujourd’hui.
L’Australie commence à faire la lumière sur la violence de son peuplement qui a entraîné la quasi éradication des Aborigènes et de leur culture multi millénaire.